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Avis de décès - Georges Vandersanden

Publié le 20 octobre 2025 Mis à jour le 20 octobre 2025
In memoriam Georges Vandersanden
Marianne Dony
Professeure honoraire
Ancienne présidente de l’Institut d’Études européennes


Avec le décès de Georges Vandersanden, le 15 octobre 2025, l’Institut d’Études européennes et le Centre de droit européen perdent un de leurs piliers de la première heure.

C’est en octobre 1966, deux ans à peine après la création de notre Institut, que, jeune docteur en droit, Georges Vandersanden a franchi pour la première fois les portes de celui-ci, où il conquiert avec brio une licence spéciale en droit européen en 1967. Et, lorsque, quelques mois plus tard, s’ouvre un des tous premiers d’assistant de recherche à la section juridique de l’Institut (le nom que portait à l’époque le Centre de droit européen), il est convaincu par Michel Waelbroeck, alors directeur de la section, de rejoindre l’Institut où il devient, en 1971, chargé de recherches qualifié. En 1972, il obtient sa première charge de cours, avec un enseignement consacré à la « Fonction publique européenne », dont il deviendra un des meilleurs spécialistes. La même année, il accède, à la suite du départ de Jean-Victor Louis vers la Banque nationale, à la fonction de directeur de l’Institut.

En 1976, sa vie professionnelle connaît un tournant important, puisqu’il choisit de pousser les portes du barreau, pour y faire une brillante carrière, tout en conservant ses enseignements dans notre Université, où il deviendra professeur ordinaire en 1979. Cela ne l’empêche pas de poursuivre une carrière scientifique brillante, ni de continuer à faire preuve d’un attachement sans faille à l’Institut. C’est ainsi qu’il accepte, en 1980, de prendre la succession (une fois encore) de Jean Victor Louis, qui venait d’être élu président de l’Institut, à la direction de la section juridique, une fonction qu’il assumera pendant pas moins de quinze années. Et, en 2003, il répond encore présent, quand l’Institut le sollicite pour devenir son vice-président, aux côtés de Françoise Thys-Clément.

Au cours de ses trente ans d’enseignement, Georges Vandersanden a vu défiler des générations d’étudiants venus des quatre coins du monde. Il restera dans toutes les mémoires comme un professeur hors pair, capable, malgré le caractère ardu de certaines des matières qu’il enseignait, de passionner son auditoire, notamment en faisant bénéficier ses étudiants de sa connaissance pratique des matières traitées. Le respect, l’admiration et l’enthousiasme des étudiants ne leur épargnaient cependant pas la crainte de ses examens, dont la difficulté déconcertait ceux qui confondaient affabilité et laxisme. Ses qualités pédagogiques lui ont valu d’être invité comme enseignant dans de nombreuses universités en Europe.

Son apport à la doctrine du droit européen est indéniable. Auteur de nombreuses publications, il a été invité comme orateur dans d’innombrables rencontres scientifiques, il a présidé l’association européenne pour le droit européen, et il a encore assuré la direction de plusieurs revues ou collections importantes, au premier rang desquels le Commentaire J. Mégret et les Cahiers de droit européen. La richesse et la variété des thèmes qu’il a abordés forcent l’admiration : à côté de la fonction publique européenne et du contentieux de l’Union européenne, qui ont constitué ses principaux champs de recherche, on peut citer la libre circulation des marchandises, le droit de la concurrence, l’Europe et les Régions, la responsabilité des Etats membres en cas de violation du droit de l’Union ou encore la place de la culture dans l’action de l’Union européenne. Ses écrits se sont toujours caractérisés par leur originalité, un style clair, vivant et précis, mais aussi un vision critique. Il n’hésitait d’ailleurs pas ces dernières années à exprimer ses inquiétudes sur l’évolution de la construction européenne et à la montée en force du nationalisme et du populisme aux antipodes de l’idéal européen qui est partage, mise en commun, solidarité et rapprochement.

Mais on se saurait pas évoquer Georges Vandersanden sans parler de l’homme et de ses qualités humaines. Faisant preuve d’une générosité, d’une gentillesse, d’un sens de l’écoute et d’une disponibilité à toute épreuve, il savait, par son accueil chaleureux, rassurer et mettre en confiance tous ses interlocuteurs. Ses multiples conversations, loin de se limiter aux méandres du droit européens ou à des questions relatives à l’avenir de l’Institut, pour aborder les sujets les plus variés, notamment les amis et la famille. Cela n’a rien d’étonnant, lorsque l’on sait que l’importance que revêtaient à ses yeux les relations humaines l’avaient conduit à s’entourer constamment de ses proches et à partager avec eux l’essentiel de sa vie. D’ailleurs, quand a sonné l’heure de la retraite, Georges Vandersanden a fait le choix de quitter la « scène » européenne, pour se consacrer à ses diverses passions, notamment culinaire et vinicole, mais surtout à sa famille, vers laquelle vont toutes nos pensées.